Crise diplomatique entre Paris et Alger : l’Algérie expulse douze agents français, la France promet une réponse ferme
INFO MAGHREB INVESTIGATION – Pour la première fois depuis l’indépendance, l’Algérie expulse en bloc des agents français relevant du ministère de l’Intérieur. Paris y voit une attaque politique ciblée.
Une onde de choc secoue les relations franco-algériennes. Ce mardi 15 avril, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé que les autorités algériennes avaient ordonné l’expulsion de douze agents français, leur laissant 48 heures pour quitter le territoire. Tous sont rattachés au ministère de l’Intérieur et bénéficiaient d’un statut diplomatique ou administratif.
« Les autorités algériennes demandent à douze de nos agents de quitter le territoire algérien sous 48 heures », a déclaré le ministre, qualifiant la mesure d’inédite depuis 1962, date de l’indépendance de l’Algérie. Selon les informations du Figaro, Paris considère cette décision comme une riposte directe à une affaire judiciaire particulièrement sensible.
Vendredi dernier, trois ressortissants algériens ont été mis en examen en France. Parmi eux, un agent consulaire. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement de l’influenceur algérien controversé Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme d’Amir DZ. Les chefs d’accusation sont lourds : arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, ainsi qu’association de malfaiteurs terroriste criminelle.
La justice française soupçonne l’implication d’un réseau structuré, agissant sur le sol français, et lié à des intérêts étrangers. Une ligne rouge franchie pour Paris.
Une réponse ciblée contre Bruno Retailleau ?
Du côté de l’exécutif français, on perçoit cette expulsion comme une manœuvre politique dirigée contre Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. Le choix des agents visés – tous issus de son ministère – est interprété comme un message clair à son encontre, alors que ses prises de position récentes sur la sécurité et l’influence étrangère en France ont suscité la colère d’Alger.
Le ministère algérien des Affaires étrangères, dans un communiqué publié dimanche, avait déjà laissé entendre des représailles si les trois ressortissants n’étaient pas rapidement relâchés. La France, de son côté, défend l’indépendance de sa justice et dénonce une ingérence inacceptable.
Vers une escalade ?
À Paris, le ton est monté. Jean-Noël Barrot a assuré que la France « ne laisserait pas cet acte sans réponse ». Des mesures de réciprocité sont à l’étude, notamment l’expulsion de diplomates algériens présents en France. Un conseil de défense restreint s’est tenu dans l’après-midi à l’Élysée pour évaluer les options.
Les relations franco-algériennes, déjà fragiles, entrent dans une nouvelle zone de turbulence. Et dans les deux capitales, on redoute désormais une escalade durable.