Dans un tournant judiciaire aussi symbolique que controversé, le philosophe et essayiste français Bernard-Henri Lévy a été condamné par contumace à 33 ans de prison par la justice tunisienne. Ce jugement intervient dans le cadre de ce que les autorités appellent “l’affaire du complot contre la sûreté de l’État”, impliquant plusieurs figures politiques, médiatiques et intellectuelles, tant locales qu’étrangères.
Un nom déjà controversé dans le monde arabe
Connu pour son activisme dans les zones de conflit et son engagement médiatique en faveur des interventions étrangères, notamment en Libye, en Syrie ou encore en Ukraine, Bernard-Henri Lévy est souvent perçu dans le monde arabe comme un symbole de l’ingérence occidentale, voire comme un acteur occulte dans les déstabilisations successives de plusieurs pays durant la décennie dite du “printemps arabe”.
En Tunisie, son nom reste lié à une série de théories et de soupçons, notamment concernant des liens présumés avec des services de renseignement étrangers, dont le Mossad israélien, et des réseaux internationaux accusés de vouloir influencer ou manipuler les trajectoires politiques des pays en transition.
Une implication surprenante mais symbolique
Le verdict de 33 ans de prison n’a pas seulement surpris par sa sévérité, mais aussi par l’inclusion d’une figure étrangère comme Lévy dans une affaire centrée sur des acteurs politiques tunisiens. Bien qu’aucune preuve publique tangible n’ait été diffusée à ce jour concernant une action directe de BHL sur le sol tunisien, les autorités judiciaires évoquent un rôle indirect de coordination, d’influence stratégique et de soutien à des réseaux accusés de conspirer contre l’État.
Il s’agirait, selon certains documents judiciaires non encore rendus publics dans leur intégralité, d’un réseau transnational visant à affaiblir les institutions tunisiennes, à travers le soutien logistique, médiatique et idéologique à certaines figures locales impliquées dans le complot présumé.
Réactions et silence officiel
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle de Bernard-Henri Lévy n’a été enregistrée concernant sa condamnation. De même, les autorités françaises n’ont émis aucun commentaire public, malgré le retentissement que ce jugement pourrait avoir sur les relations franco-tunisiennes.
De nombreuses voix en Tunisie considèrent cette condamnation comme un acte de souveraineté judiciaire, un signal fort envoyé contre les ingérences extérieures. D’autres, en revanche, y voient une manœuvre politique visant à détourner l’attention de la crise économique et sociale que traverse le pays.
Une figure insaisissable
Quoi qu’il en soit, il est peu probable que Bernard-Henri Lévy purge un jour cette peine, étant donné son statut de citoyen français et son absence du territoire tunisien. Mais au-delà de l’aspect juridique, cette condamnation constitue un marqueur fort dans l’histoire récente de la Tunisie, posant une question de fond : où s’arrête l’influence étrangère, et où commence le complot ?