Alger, le 12 mai 2025 — L’Algérie a une nouvelle fois démontré qu’elle n’était plus disposée à tolérer des entorses à sa souveraineté, même venant de puissances historiques comme la France. En demandant le rapatriement immédiat de quinze nouveaux agents français récemment déployés sur son sol, Alger envoie un signal fort : les règles, mêmes tacites, ne peuvent être redéfinies unilatéralement.
Derrière cette décision, il y a bien plus qu’un simple différend administratif. Il s’agit d’un désaccord profond sur les pratiques diplomatiques, sur fond d’une confiance fragilisée par des antécédents sécuritaires et des publications à charge dans la presse française, notamment dans Le Journal du Dimanche. Les autorités algériennes dénoncent des « manquements flagrants » de la part de Paris, accusée de contourner les accords existants pour introduire discrètement des agents en mission « temporaire », bénéficiant de privilèges diplomatiques discutables.
L’accord de 2013 entre les deux pays, censé faciliter la coopération, semble aujourd’hui être interprété de manière unilatérale par la France, au mépris de l’esprit de partenariat sur lequel il reposait. En attribuant à d’anciens détenteurs de passeports de service des passeports diplomatiques pour accélérer leur entrée en Algérie, Paris a franchi une ligne rouge. Cette attitude est perçue à Alger comme une tentative de passage en force.
Le ministère algérien des Affaires étrangères n’a pas tardé à réagir, convoquant le chargé d’affaires français, Gilles Bourbao, pour lui signifier l’inacceptable. Une démarche diplomatique claire, sans équivoque, menée dans le respect des usages mais avec une fermeté qui ne laisse pas place à l’ambiguïté.
La réaction française, elle, semble vouloir jouer la carte de l’escalade, promettant une réponse « ferme » et « proportionnée ». Une posture qui pourrait faire écho à une époque que l’Algérie entend justement dépasser : celle où sa parole était mise en doute et ses décisions contestées. Ce temps est révolu.
Car c’est bien d’indépendance et de respect mutuel qu’il s’agit ici. En réaffirmant son droit de regard sur les personnels présents sur son territoire, l’Algérie ne fait qu’exercer un droit fondamental reconnu par le droit international. C’est aussi un message à ses citoyens : celui d’un État souverain, debout, qui ne tolère plus les pratiques de l’ombre.
La relation algéro-française, riche et complexe, mérite mieux que des tensions alimentées par le mépris des procédures et les non-dits diplomatiques. Elle doit se construire sur la transparence, l’égalité et le respect réciproque. En ce sens, loin d’être un acte hostile, la décision algérienne pourrait bien être un jalon vers une relation enfin assainie. À condition que Paris entende le message.