En Algérie, la proposition de loi incriminant le colonialisme français reste d’actualité.
Adam AYARI
12 avr.
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Criminalisation du colonialisme : l’Algérie revendique sa mémoire et sa dignité
Auteur : Adam AYARI
Alors que les relations diplomatiques entre Paris et Alger semblent avoir retrouvé une certaine sérénité à la suite de l’appel du 31 mars entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron, le dossier épineux du passé colonial français en Algérie demeure un point de friction majeur. La récente relance par les députés algériens de leur projet de loi criminalisant le colonialisme en est la preuve éclatante.
Ce projet, qui vise à reconnaître juridiquement les crimes perpétrés durant les 132 années de colonisation française, n’est pas nouveau. Mais sa réactivation, au lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Alger, envoie un signal clair : l’Algérie refuse que les questions mémorielles soient reléguées au second plan au nom de la seule realpolitik.
La commission parlementaire en charge de ce texte s’est réunie à nouveau ces derniers jours, afin de finaliser les fondements juridiques du projet. Une liste de personnalités historiques, victimes ou témoins des exactions coloniales, est également en cours d’élaboration, dans le but d’appuyer les revendications algériennes par des faits, des témoignages et une mémoire vivante.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte où l’Algérie exige non seulement une reconnaissance des crimes commis, mais aussi un véritable effort de repentance de la part de l’ancienne puissance coloniale. Au-delà du symbolique, il s’agit d’un combat pour la justice, la vérité et le respect dû aux générations passées.
L’Algérie n’a jamais nié l’importance d’une relation équilibrée avec la France, fondée sur le respect mutuel et les intérêts communs. Mais elle refuse que cette relation soit bâtie sur l’oubli ou l’indifférence. La mémoire ne peut être un obstacle à l’avenir, à condition qu’elle soit assumée pleinement, sans faux-semblants.
Le projet de loi algérien, loin d’être une provocation, est avant tout un acte de souveraineté et de fidélité à une histoire douloureuse que nul ne peut effacer. L’Algérie le réaffirme : le passé colonial ne peut être soldé sans reconnaissance, sans justice, et sans une parole forte de la France à l’égard des millions d’Algériens qui ont souffert dans leur chair et leur dignité.