En Tunisie, le président Kaïs Saïed limoge le premier ministre Kamel Madouri.
- Maghreb Investigation
- 21 mars
- 2 min de lecture

Auteur : Stéphane Gerber
Dans une décision surprise annoncée dans la nuit du 20 au 21 mars, le président tunisien Kaïs Saïed a limogé le Premier ministre Kamel Madouri, sans en donner les raisons officielles. Ce technocrate, nommé en août 2024 lors d’un vaste remaniement gouvernemental, a été immédiatement remplacé par Sarra Zaafrani Zenzri, jusqu’alors ministre de l’Équipement, selon un communiqué de la présidence.
Si le reste du gouvernement demeure inchangé, ce nouvel ajustement reflète la gouvernance centralisée instaurée par Kaïs Saïed, qui exerce un contrôle sans partage sur les institutions de l’État depuis son coup de force en juillet 2021.
Une deuxième femme à la tête du gouvernement tunisien
À 62 ans, Sarra Zaafrani Zenzri devient la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre en Tunisie, après Najla Bouden (2021-2023). Polyglotte et dotée d’une solide expérience dans la gestion des infrastructures nationales, elle est diplômée en géotechnique en Allemagne et a occupé des postes clés au ministère de l’Équipement, notamment dans la gestion des grands projets autoroutiers.
Son remplacement à la tête de ce ministère sera assuré par Salah Zouari, dans la continuité des priorités fixées par l’exécutif en matière de développement des infrastructures.
Un changement dans un contexte politique tendu
Ce limogeage intervient quelques semaines après le renvoi surprise de la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia, remplacée par la magistrate Michket Slama Khaldi le 6 février dernier. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale précédant l’annonce de ce nouveau remaniement, Kaïs Saïed a insisté sur la nécessité d’exiger une responsabilité totale des dirigeants, affirmant : « Fini les abus envers les citoyens ».
Depuis sa réélection en octobre 2024 avec plus de 90 % des voix, mais une participation inférieure à 30 %, Kaïs Saïed continue d’imposer un pouvoir centralisé, alors que l’opposition et plusieurs ONG dénoncent une détérioration des libertés en Tunisie. Le pays, berceau du Printemps arabe en 2011, traverse une période marquée par des arrestations d’opposants politiques, de journalistes et d’hommes d’affaires, renforçant les craintes d’une dérive autoritaire.
Reste à voir si la nomination de Sarra Zaafrani Zenzri marquera une inflexion dans la gouvernance ou si elle s’inscrira dans la continuité de la ligne tracée par le président tunisien.