Algérie : Boualem Sansal écopant de cinq ans de prison, son avocat implore la clémence du président Tebboune
Maghreb Investigation
27 mars
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Algérie : Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison, son avocat fait appel à la clémence du président Tebboune
Auteur : Stéphane GERBER
Un tribunal algérien a condamné ce jeudi 27 mars l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme, soit la moitié de la peine initialement requise par le Parquet. Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger, a également infligé à l’auteur une amende de 500 000 dinars algériens, environ 3 500 euros.
Boualem Sansal, 80 ans, est détenu en Algérie depuis le 16 novembre 2024. Il était poursuivi pour “atteinte à l’intégrité du territoire” après avoir exprimé dans un média d’extrême droite français une opinion reprenant la position marocaine selon laquelle la colonisation française aurait amputé le Maroc au profit de l’Algérie. Lors de son procès, l’auteur avait nié toute volonté de nuire à son pays, affirmant exercer son “libre droit d’expression” mais reconnaissant avoir “sous-estimé la portée de ses déclarations”.
Un verdict dénoncé en France
La condamnation de Boualem Sansal a suscité de vives réactions en France, notamment au sein de la classe politique. Marine Le Pen (RN) a dénoncé “une condamnation scandaleuse qui équivaut à une perpétuité compte tenu de son état de santé”. De son côté, Laurent Wauquiez (LR) a fustigé une “condamnation inique par un régime qui hait la liberté”. Mathilde Panot (LFI) a, quant à elle, appelé à la “libération immédiate” de l’écrivain tout en mettant en garde contre “toute instrumentalisation au service de l’extrême droite”.
Son avocat français, Me François Zimeray, a exprimé son indignation face à une “sentence qui trahit le sens même du mot justice”. “Une détention cruelle, vingt minutes d’audience, une défense interdite, et au final, cinq ans de prison pour un écrivain innocent”, a-t-il déclaré, avant d’en appeler directement au président algérien Abdelmadjid Tebboune : “La justice a failli, qu’au moins l’humanité prévale.”
Une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris
Au-delà du cas de Boualem Sansal, ce verdict risque d’aggraver la crise diplomatique qui oppose Alger et Paris. L’arrestation de l’écrivain en novembre dernier avait déjà tendu les relations bilatérales, sur fond de désaccord autour du Sahara occidental. En juillet 2024, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur en France après que le président Emmanuel Macron a publiquement soutenu le plan marocain d’autonomie sous souveraineté marocaine pour ce territoire disputé.
L’issue de cette affaire pourrait toutefois jouer un rôle clé dans un éventuel apaisement des tensions. Certains analystes estiment qu’une grâce présidentielle accordée par Abdelmadjid Tebboune à Boualem Sansal à la fin du ramadan pourrait permettre d’ouvrir la voie à un réchauffement diplomatique. En attendant, l’état de santé de l’écrivain, atteint d’un cancer et régulièrement transféré entre la prison et l’hôpital, suscite une inquiétude croissante.