Le constat est aussi glaçant que préoccupant : selon la dernière étude du Conseil national des barreaux (CNB), réalisée avec l’Ifop, seuls 48 % des Français déclarent faire confiance à leur justice. Un chiffre historiquement bas, qui révèle une fracture grandissante entre les citoyens et l’institution censée garantir leurs droits fondamentaux.
En 2008, ils étaient encore 63 % à lui accorder leur confiance. En 2024, ils ne sont plus que 48 %. Une chute de 15 points en 17 ans, dans un contexte où, paradoxalement, d’autres institutions regagnent du crédit. L’armée, par exemple, culmine aujourd’hui à 85 % de confiance (+4 points), la police à 78 % (+2 points). Seule la justice recule.
Pourtant, les initiatives n’ont pas manqué. États généraux de la justice en 2022, « loi pour la confiance dans l’institution judiciaire » portée par Éric Dupond-Moretti en 2021, hausses budgétaires qualifiées d’historiques… Rien n’y fait. Pour Julie Couturier, présidente du CNB, « la justice est le seul grand service public à perdre régulièrement la confiance des citoyens. Cela en dit long sur la gravité de la situation. »
Le mal semble profond. Délais de traitement interminables, manque de moyens humains, procédures opaques, décisions jugées parfois incohérentes ou injustes… Autant de symptômes d’un système que beaucoup perçoivent comme lent, désincarné, voire inégalitaire.
Et c’est là le danger. Car la justice n’est pas une institution comme les autres : elle est la garante du contrat social. Quand elle vacille, c’est le lien entre l’État et ses citoyens qui se fissure.
Rétablir la confiance nécessitera bien plus que des lois ou des budgets : il faudra du courage politique, une réforme de fond, et surtout, une volonté farouche de replacer l’humain au cœur du système. Car une justice qui ne rassure plus, c’est une République qui doute d’elle-même.
