Dans un geste hautement symbolique et controversé, le gouvernement de Viktor Orbán a annoncé, ce jeudi 3 avril, le retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision intervient alors que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, entame une visite officielle à Budapest.
Un retrait opportuniste et complice
La décision du gouvernement hongrois n’a rien d’anodin. Depuis des années, Viktor Orbán affiche son mépris pour les institutions internationales et les mécanismes de justice supranationaux. Mais cette annonce, précisément le jour de l’arrivée de Netanyahou, ressemble à une manœuvre politique calculée pour lui assurer une protection diplomatique.
En mars dernier, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et plusieurs hauts responsables israéliens, les accusant de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour les massacres perpétrés à Gaza. En se retirant de la CPI, la Hongrie s’exonère de toute obligation d’exécuter ce mandat, envoyant un message clair : Budapest se range du côté des criminels plutôt que de la justice internationale.
Une longue liste de crimes impunis
Depuis son retour au pouvoir en 2009, Netanyahou a supervisé des opérations militaires meurtrières contre les Palestiniens, intensifiant les bombardements sur Gaza, les assassinats ciblés et la répression des populations civiles.
Les récentes offensives israéliennes ont causé des dizaines de milliers de morts, en majorité des femmes et des enfants. Des enquêtes indépendantes ont documenté l’usage disproportionné de la force, les attaques contre des infrastructures civiles et des blocus entraînant des famines massives, autant de violations du droit international.
Face à ces crimes, la CPI a finalement pris une décision historique en émettant un mandat d’arrêt contre Netanyahou, confirmant ce que de nombreux observateurs dénoncent depuis des années : le Premier ministre israélien est un criminel de guerre.
Orbán et Netanyahou : une alliance de l’extrême droite autoritaire
Le soutien d’Orbán à Netanyahou ne surprend personne. Depuis plusieurs années, les deux dirigeants entretiennent une alliance politique fondée sur le nationalisme, la xénophobie et le mépris des institutions internationales.
Orbán, connu pour sa dérive autoritaire et ses attaques contre l’État de droit en Hongrie, voit en Netanyahou un allié stratégique. Les deux hommes partagent une vision du monde où la force prime sur le droit, où les ennemis sont criminalisés et où les contre-pouvoirs sont systématiquement réduits au silence.
En accueillant Netanyahou avec les honneurs, Orbán envoie un message inquiétant : les criminels de guerre ont leur place en Hongrie, mais pas la justice internationale.
Une décision condamnée par la communauté internationale
Le retrait de la Hongrie de la CPI a immédiatement suscité une vague de critiques à travers le monde. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dénoncent une complicité flagrante avec les crimes israéliens et appellent l’Union européenne à sanctionner Budapest pour ce coup porté à la justice internationale.
“Viktor Orbán prouve une fois de plus qu’il se range du côté des dictateurs et des criminels plutôt que du droit et de la justice”, a réagi un porte-parole d’Amnesty International.
De nombreux pays européens, à commencer par la France et l’Allemagne, ont exprimé leur indignation face à cette décision, appelant à renforcer le soutien à la CPI face aux tentatives d’affaiblissement par des régimes autoritaires.
Vers un isolement de la Hongrie ?
Alors que la Hongrie continue de s’éloigner des valeurs démocratiques de l’Union européenne, ce retrait de la CPI pourrait accélérer son isolement diplomatique.
Mais une question cruciale demeure : jusqu’où l’UE tolérera-t-elle qu’un de ses membres sabote les principes fondamentaux du droit international en protégeant un criminel de guerre ?