Washington, le 9 avril – Censée marquer un tournant historique dans la politique commerciale des États-Unis, la série de mesures annoncées en grande pompe à la Maison Blanche la semaine dernière a brutalement été mise sur pause. Ce mercredi 9 avril, le président américain Donald Trump a annoncé une suspension de quatre-vingt-dix jours des nouveaux droits de douane visant une soixantaine de pays. Une volte-face spectaculaire, à l’exception notable de la Chine, qui reste visée par les hausses tarifaires prévues.
Dans un message publié sur son réseau Truth Social, Donald Trump a justifié ce recul par une « attitude constructive » de la part des pays concernés. Selon lui, plus de 75 d’entre eux auraient contacté son administration pour entamer des négociations commerciales. Il s’agirait là, selon le président, d’une preuve que sa politique porte déjà ses fruits. « C’était sa stratégie tout du long », a assuré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, tentant de donner une cohérence à ce changement de cap.
Mais derrière ce discours de façade, les faits racontent une autre histoire. L’Union européenne, entre autres, a d’ores et déjà exprimé sa volonté de riposter, ce qui contredit l’idée d’un front pacifique face à Washington. Et dans les coulisses de la Maison Blanche, certains conseillers admettent un flottement. « Une révolution incluant un bouton “pause” n’est pas une révolution », glisse un diplomate européen. « C’est une débâcle, une improvisation désordonnée, même si ses auteurs s’en défendent. »
Concrètement, les États-Unis maintiennent pour l’heure un taux plancher de 10 % sur les produits étrangers importés. Ce filet protectionniste, présenté comme une mesure transitoire, est loin de la vague tarifaire agressive initialement annoncée. Quant à la Chine, elle reste la cible principale de cette stratégie de confrontation commerciale. Pékin n’a, pour l’instant, pas officiellement réagi.
Ce rétropédalage soulève des questions sur la capacité de l’administration Trump à mener une politique commerciale cohérente, à moins de sept mois de l’élection présidentielle. Derrière le rideau de déclarations triomphalistes, la réalité semble bien plus fragile.