Trois procureurs du Parquet national financier demandent une nouvelle peine d’un an pour l’ancien chef de l’État, sous la menace de dix ans de prison, en raison du financement illégal de sa campagne
Maghreb Investigation
27 mars
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Lors du procès Sarkozy-Kadhafi, deuxième jour des réquisitions : « Un pacte de corruption a bel et bien été scellé »
Auteur : Amira AZIZI
Mercredi 26 mars, au deuxième jour des réquisitions dans le procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, les trois procureurs du Parquet national financier (PNF) ont poursuivi leur offensive contre la défense. Le ministère public a demandé la condamnation de l’ancien chef de l’Etat pour « corruption », « association de malfaiteurs » et « financement illégal de campagne », s’appuyant sur une démonstration rigoureuse et structurée.
Un dossier accablant, mais une faille persistante
Si le parquet dispose de plusieurs éléments à charge, un point reste flou : les importants flux d’argent liquide supposément versés, que l’enquête n’a pas pu tracer de manière formelle. Cette zone d’ombre constitue un angle d’attaque privilégié pour la défense, qui devrait s’y engouffrer pour tenter de fragiliser l’accusation.
Les carnets de Choukri Ghanem, une pièce centrale
Parmi les preuves mises en avant, le procureur adjoint Philippe Jaeglé a insisté sur « un élément probatoire fondamental » : les carnets de Choukri Ghanem. Ancien Premier ministre et ministre du Pétrole libyen, Ghanem avait noté dans son agenda, à la date du 29 avril 2007, une réunion cruciale avec le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi et Bechir Saleh, directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi. Au cours de cet entretien, Bechir Saleh aurait affirmé avoir envoyé 1,5 million d’euros à Nicolas Sarkozy.
Découvert fortuitement par la justice néerlandaise dans une valise abandonnée chez son gendre, ce carnet est devenu une pièce clé de l’affaire. D’autant que Choukri Ghanem a été retrouvé mort en 2012 dans le Danube, à Vienne, dans des circonstances suspectes, renforçant ainsi les interrogations autour de ces accusations.
Une défense sous pression
Face à une accusation méticuleusement construite, les avocats des treize prévenus, dont Nicolas Sarkozy, auront fort à faire pour contester les charges retenues. Alors que le tribunal doit encore entendre les plaidoiries de la défense, l’issue du procès s’annonce décisive pour l’ancien président, qui encourt une lourde peine si les réquisitions du parquet sont suivies par la cour.
Dans ce dossier aux ramifications internationales, où politique et finance s’entremêlent, le procès pourrait bien être un tournant judiciaire majeur pour Nicolas Sarkozy et son entourage.