En Tunisie, la progression silencieuse du sida inquiète les professionnels de la santé
- Audrey MARCHAND

- 20 nov.
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Auteur : Audrey MARCHAND
Tunis – 18 novembre 2025.
Alors que les centres d’orientation, de dépistage et de sensibilisation poursuivent leurs efforts, les chiffres liés au VIH/sida en Tunisie connaissent une hausse préoccupante. Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme : les infections augmentent aussi bien chez les femmes que chez les hommes, et touchent désormais des tranches d’âge de plus en plus jeunes, parfois dès 15 ans.
Dépistage tardif et absence d’une culture de prévention
Selon les associations actives dans le domaine, le principal danger réside dans le retard du dépistage, souvent réalisé à un stade avancé de la maladie. Beaucoup de citoyens hésitent encore à se rendre dans les centres spécialisés par peur du jugement ou par manque d’information.
Les campagnes de prévention demeurent insuffisantes, et les tabous entourant la sexualité continuent d’entraver la lutte contre l’épidémie.
Croissance des comportements à risque
Les professionnels relèvent plusieurs facteurs aggravants :
Recrudescence de la consommation de drogues, notamment chez les jeunes.
Hausse des relations sexuelles non protégées, parfois dans des contextes précaires ou illégaux.
Diffusion de relations sexuelles transactionnelles, particulièrement dans certains milieux vulnérables.
Ces pratiques contribuent à une circulation plus rapide du virus et rendent le contrôle de l’épidémie particulièrement difficile.
Les mineurs touchés : un signal alarmant
L’un des constats les plus inquiétants concerne la présence de cas chez des adolescents de 15 ans, parfois exposés à un cumul de risques : consommation de substances, exploitation sexuelle ou absence totale de suivi familial.
Les intervenants sociaux appellent à une action urgente : protection de l’enfance, éducation sexuelle, accompagnement psychologique et programmes de prévention ciblés.
Les communautés migrantes particulièrement vulnérables
Les témoignages recueillis indiquent un taux d’infection élevé parmi certaines migrantes originaires d’Afrique subsaharienne, souvent confrontées à la précarité, à l’absence d’accès aux soins et parfois à des pratiques forcées ou dangereuses.
Des demandes de traitement antirétroviral sont enregistrées, mais les procédures administratives et les difficultés économiques rendent l’accès aux soins souvent complexe.
Manque de centres de prise en charge
Si la Tunisie dispose de structures spécialisées, leur nombre est jugé insuffisant. Certaines régions restent sous-équipées, obligeant les patients à parcourir de longues distances pour obtenir un suivi médical.
Les associations dénoncent également des obstacles juridiques dans la gestion de certains cas, qui retardent une prise en charge rapide pourtant essentielle.
Un appel urgent à un plan national renforcé
Face à cette situation, les experts plaident pour :
Un renforcement massif des campagnes de sensibilisation.
Un accès facilité au dépistage anonyme et gratuit.
Une amélioration de la prise en charge des populations vulnérables.
Un programme national de prévention orienté vers les jeunes.


