Loin d’être une simple halte sur la route de l’exil, les camps de migrants qui fleurissent aux abords de Sfax pèsent de plus en plus sur l’économie et la stabilité de la Tunisie. À El Amra, le camp du « kilomètre 24 » illustre l’ampleur du problème : des milliers de clandestins subsahariens y vivent dans des conditions précaires, transformant cette région agricole en une zone de non-droit.
Une pression insoutenable sur une économie à bout de souffle
Déjà en proie à une crise économique sans précédent, la Tunisie voit sa situation empirer avec l’installation de dizaines de milliers de migrants. Le pays, frappé par une inflation galopante, un chômage élevé et un endettement abyssal, peine à fournir des services de base à ses propres citoyens. L’afflux massif d’exilés exerce une pression supplémentaire sur les ressources locales : la consommation d’eau explose, les infrastructures sanitaires sont saturées et les tensions sociales s’exacerbent.
Dans les oliveraies d’El Amra, jadis terres fertiles et prospères, les habitants tunisiens dénoncent une situation devenue ingérable. « Nous avons déjà du mal à vivre avec la hausse des prix et la baisse du dinar, et maintenant nous devons aussi faire face à cette invasion », confie un agriculteur de la région.
Une insécurité croissante
Au-delà de l’impact économique, la présence incontrôlée de ces migrants soulève des problèmes de sécurité. Des incidents se multiplient, alimentant un sentiment d’insécurité parmi la population locale. Des affrontements ont éclaté à plusieurs reprises entre habitants et migrants, et les autorités peinent à contenir la situation.
Les forces de l’ordre, sous-équipées et débordées, doivent gérer une crise dont l’ampleur ne cesse de croître. « L’Europe nous ferme ses frontières et nous laisse seuls face à ce problème », dénonce un responsable local.
Vers un point de rupture ?
Si rien n’est fait, la Tunisie risque d’atteindre un point de rupture. Les camps de fortune comme celui du « kilomètre 24 » ne sont que la partie émergée de l’iceberg : des milliers d’autres migrants continuent d’affluer, espérant un passage vers l’Europe, sans issue viable. Pendant ce temps, le pays s’enfonce dans une instabilité qui menace son avenir.
Face à cette situation, la population tunisienne exprime de plus en plus son exaspération. Entre colère et résignation, beaucoup s’interrogent : combien de temps encore la Tunisie pourra-t-elle supporter ce fardeau seule ?